
Objet le plus fin de la culture matérielle d’autrefois, l’herminette (to’i) était constituée d’une partie active, le tranchant, et d’un talon fixé au manche par une ligature végétale. L’herminette différait de la hache ('ōpahi) par l’orientation du tranchant, perpendiculairement à l’axe du manche. Son façonnage représentait une opération délicate. Un gros galet permettait d’ébaucher la forme et d’obtenir l’épaisseur voulue. On élaborait ensuite le tenon nécessaire pour l’emmancher, puis le tranchant. Les phases finales consistaient à éliminer par affinage et ponçage les facettes formées par l’enlèvement des éclats, pour donner à l’objet sa surface polie définitive. Proche de l’herminette par sa forme, le ciseau (fenefene) était fabriqué à partir de coquillages marins.
Dans l’ensemble de la Polynésie, la fabrication du tapa était un travail typiquement féminin, même si les hommes n’étaient pas exclus du processus de production : il leur revenait de planter des jeunes pousses d’arbres à pain (uru) ou des boutures de mûrier (aute; à ne pas confondre avec l’hibiscus ‘aute) et d’en éliminer les bourgeons naissants. Ainsi, les baliveaux parfaitement lisses permettaient d’obtenir une étoffe homogène. Après la séparation de l’écorce du bois, les femmes prenaient le relais des hommes. Les écorces étaient mises à tremper deux ou trois jours dans un point d’eau douce. Elles étaient ensuite grattées à l’aide d’une coquille pour éliminer leur partie externe ; ne demeurait alors que le «liber», la partie fibreuse de l’écorce végétale. On roulait ensuite les bandes de «liber» avec des feuilles de bananier. Après un à trois jours de repos les fibres étaient battues pour être agglutinées entre elles.
L’art du cerf-volant fait partie intégrante des us et coutumes des Polynésiens anciens. Cette pratique était très répandue à Huahine, où la légende de Pīpiri-mā relate, dans certaines de ses variantes, l’envoi des enfants vers le ciel au moyen d’un cerf-volant. Dans l’île voisine de Taha’a, le dieu légendaire Hiro, alors qu’il était encore jeune, est dit avoir été défié par ses frères à un concours de cerf-volant. Sur les conseils de sa mère Fa’imano, il utilisa des feuilles de ‘atae, (grand arbre à feuilles rouges Erythrina indica) pour la voilure ; et des pellicules sèches de troncs de bananiers(dites ‘uo, terme qui par extension, désigne aussi le cerf-volant) pour la ficelle et la queue. Le cerf-volant de Hiro monta très haut dans le ciel, s’y figeant bientôt pour former la constellation du Scorpion, dite selon certains Te matau ā Maui, (l’hameçon à Maui) et selon d’autres Te ‘uo ā Hiro, (le ‘uo à Hiro) A Huahine et dans l’ensemble des îles de la société, des concours étaient autrefois organisés, dans lesquels il s’agissait de faire preuve de force et d’habileté en guidant un cerf-volant pouvant atteindre cinq mètres d’envergure. Le vainqueur était celui dont le cerf-volant s'élevait le plus vite, le plus droit et le plus haut dans le ciel.
